un beau village ardennais

Archives de décembre, 2017

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Djoyeu Noyé à to les djins d’Tav’ni !


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Bois de Boeur


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Bois de Bouleau à Boeur


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Bouleau


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Fonds de vallée

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Alhoumont

Au dessus de la Roche aux Muguets

Au dessus de la Roche aux Muguets


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Bernistap ou la forêt enchantée (1)

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Ar Duen, la Noire


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Ar Duen, la Noire


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Ar Duen, la Noire


Tavigny, par Hyppolite de Frenoy (1830)

Tavigny

Salut mon beau castel, Tavigny, vieux domaine

Assis sur les sommets de la sauvage Ardenne,

Comme une aire imposante, au front majestueux,

Qui domine la terre et touche presque aux cieux.

Salut donjon croulant, tourelle magnifique,

Murs où rampent le lierre, et toi, chapelle antique,

Elevant dans les airs ton symbole pieux

Que salue en passant l’homme religieux.

 

Chapelle où des seigneurs d’une race perdue

La cendre est conservée, aux voûtes suspendues,

Dans ces vases de pierre en ton sein abrités,

Jusqu’à ce jour encor par l’homme respectés.

J’aime ton noble aspect, Tavigny, tes fontaines

Jaillissant des rochers pour arroser tes plaines,

Tes jardins inclinés, descendant des hauteurs,

Et conduisant au bois par des sentiers de fleurs.

Je me rappelle encor tes salles blasonnées

Où je passait, rêvant, tant d’heures fortunées.

Loin des troubles du monde, alors, seul, je vivais…

Ne vous verrai-je plus, lieux charmants que j’aimais !

 

Mon lit soyeux d’où je voyais dans l’ombre,

Sur les vitreaux, comme un fantôme sombre,

Un peuplier par le vent balancé,

Je vous aimais, et vous chantres nocturnes

Qui banissiez les rêves taciturnes

En me berçant par un chant cadencé.

 

Doux rossignols, quand les nuits étaient belles,

Comme un concert aux heures solennelles,

On entendait vos accents merveilleux.

Mais dès que l’aube éclairait la nature,

De mille oiseaux le gazouillant murmure

Chantait un hymne au doux aspect des cieux.

 

Ces doux accents, à mon âme rêveuse,

Comme une voix pure et mélodieuse,

De la nature annonçaient le réveil.

Alors, ému d’une tranquille joie,

Je soulevais mes courtines de soie

Pour voir aux cieux éclore le soleil.

 

Où si l’atmosphère brumeuse

Etendait sa vague boudeuse

Comme un voile obscur sur le jour,

Près de mon foyer solitaire

J’oubliais l’heure passagère

Lisant quelqu’histoire d’amour.

 

Ainsi fuyaient les matinées…

Et quand, par de belles journées,

Mes désirs prenaient leur essor,

J’égarais ma course incertaine,

Explorant la forêt lointaine

Que la hâche respecte encor.

 

Dans ton charmant séjour, Tavigny, tout enivre !

On respire avec joie, on aime, on se sent vivre!

Le fusil sur l’épaule on va, chasseur ardent,

Parcourant les forêts, les bruyères arides,

Surprendre en sa retraite un chevreuil imprudent

Endormi sur la mousse au bord des eaux limpides:

Cherchant les lieux déserts, inquiet et peureux,

Il aime à reposer sa course vagabonde

Sur ces bords isolés, dont le doux bruit de l’onde

Par son chant trouble seul l’abri silencieux.

 

La chasse au loin vous entraîne,

Bois, marais, montagne ou plaine,

Pas d’obstacle à votre ardeur.

Mais avec le jour qui tombe,

L’enthousiasme succombe.

 

Au coeur du plus fier chasseur.

Du ciel, où brille une étoile,

Le dernier rayon se voile;

On sent naître la fraîcheur,

Et la brise qui s’élève

Au sein des genêts soulève

Des bruits qui plaisent au coeur.

 

Bientôt la nuit hâtive a limité l’absence.

En suivant les sentiers où règne le silence

Lentement au Castel on ramène ses pas…

Et l’on savoure alors un succulent repas.

Et plus tard, assoupi dans un fauteuil antique,

Tenant nonchalamment la pipe asiatique,

Un bout d’ambre à la bouche, l’autre dans le vin,

On se laisse bercer par un songe divin.

 

La cassolette orientale

Dont le plus doux parfum s’exhale,

Bientôt hallucine l’esprit.

Au sein d’enivrantes images

On voit sous de légers nuages

Un visage aimé qui sourit.

 

Ou bien, vision gracieuse,

C’est une charmante baigneuse

Au corps de rose et de satin.

Sa main fine et blanche dénoue

Ses longs cheveux qu’elle secoue

Sur son blanc vêtement de lin.

 

Les rêve éclot, charme et s’envole…

Comme le caprice frivole

Il disparait presqu’en naissant.

Un autre aussitôt le remplace

Et le temps doucement s’efface

Dans un mirage caressant.

 

Hélas! Vous n’êtes plus… mes heures fortunées!

Fleurs qu’un souffle ennemi m’a trop vite fanées…

Tavigny, beau séjour où, calme, je vivais

Ne vous verrai-je plus…lieux charmants que j’aimais!

 

Bruxelles, 1830

Hyppolite de Frenoy

 

 

 

 

 


Galerie

Les Blancs-Bois…vraiment blancs